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Consommation d'eau

Les guerres de demain seront menées non pas pour le pétrole mais pour l’eau. L’eau potable n’est cependant pas la seule eau consommée. Un ménage moyen consomme 2 à 5 litres d’eau pour boire et 100 à 500 litres pour toutes les autres nécessités telles que la douche et la lessive. Ces quantités paraissent négligeables face aux 2000 à 5000 litres utilisés pour cultiver les denrées alimentaires consommées en une journée par une famille moyenne. Quel rôle la viande joue-t-elle dans ce contexte ? 

Lorsqu’il est question de lutte contre la faim, nous songeons avant tout à l’approvisionnement en produits alimentaires et oublions l’eau nécessaire à la production agricole. En 2004, à Stockholm, lors d’une conférence sur l’eau qui réunissait des participants de plus de cent pays, il fut uniquement question de l’approvisionnement de l’humanité en eau. C’est pourquoi les médias thématisent les problèmes liés aux besoins en eau potable. Malheureusement, l’une des causes principales de la pollution des eaux dans les pays industrialisés ne fut pas abordée : la détention des animaux. La conférence se termina sur des résultats intéressants et inquiétants. 

Comparaison de différents aliments en termes de consommation d'eau

Graphique : Swissveg, Sources des chiffres : UNESCO-IHE Institute for Water Education

Beaucoup d'eau pour peu de viande

50% environ de la pollution des eaux en Europe est imputable à la production de denrées alimentaires d’origine animale. La plus grande partie de l’eau est utilisée par la production agricole. La production de céréales est particulièrement gourmande en eau. La viande devient ainsi l’aliment dont la consommation en eau est la plus élevée : il faut sept kilos de céréales pour produire un kilo de viande. Pour obtenir un kilo de viande de poulet, il faut 35’000 litres d’eau, pour un kilo de rôti de bœuf, il faut 100’000 litres. Pour produire un seul hamburger de 125 grammes, il aura fallu presque 13’000 litres d’eau potable. Ce compte inclut l’irrigation des cultures, l’abreuvage du bétail et l’eau consommée lors de la transformation et du transport.

Ainsi, les choix alimentaires d’une famille déterminent sa consommation d’eau. Chaque année, en moyenne, nous consommons environ 1200 m3 d’eau par personne pour produire nos aliments. Dans les régions les plus pauvres, qui peuvent à peine se payer des produits d’origine animale, la consommation d’eau se situe autour de 600m3 par an. Les régions consommant les plus grandes quantités de viande, au contraire, utilisent 1800m3 d’eau par an et par personne. Afin de mieux illustrer encore l’effet de la consommation de viande, voici une comparaison : si l’alimentation se compose de 80% de végétaux et de 20% de viande, il faut 1300m3 d’eau par an. Cette quantité est divisée par deux si l’alimentation est purement végétale. La part d’origine animale dans l’alimentation des pays industrialisés est aujourd’hui de 30 à 35%.3

 

Consommation d'eau des aliments

Description Consommation
Viande de boeuf (engraissé) 15 m3/kg
Agneau 10 m3/kg
Poulet 6 m3/kg
Céréales 0.4-3 m3/kg
Huile de palme 2 m3/kg
Agrumes  1 m3/kg
 

Consommation croissante

Les denrées alimentaires d’origine végétale consomment en moyenne 10% de la quantité d’eau nécessaire à la production de viande. Ainsi, il ne faut que 300 litres pour produire un kilo de pommes de terre et quatre fois plus pour obtenir un kilo de soja ou de mais. Pour nourrir chaque jour les habitants de la planète sur la base d’une alimentation végétarienne contenant 2500 kilocalories (moyenne internationale du début des années 1990), il faudrait compter 360 000 litre d’eau par personne et par an. Si un pays se nourrit de viande à raison de 20%, la consommation d’eau passe à un million de litres. Aux Etats-Unis et au Canada, les deux pays du monde dont la consommation de viande est la plus élevée, la consommation d’eau à des fins alimentaires si situe à 1,7 millions de litres par personne. La consommation mondiale en eau s’est multipliée par six depuis 1950.

Et en Suisse ?

Bien entendu, la Suisse, par sa situation géographique, ne souffre pas de pénurie d’eau. Il ne faudrait pas pour autant fermer les yeux sur le problème. Par ses importations de produits alimentaires, y compris les fourrages, la Suisse importe de l’eau virtuelle, l’eau qui fut utilisée au lieu de production des aliments et qui est ainsi économisée en Suisse.

Malheureusement, la pénurie en eau frappe d’abord les couches les plus pauvres de la population. Etant donné les énormes besoins en eau de l’agriculture, celle-ci recourt de plus en plus à des pompes qui accèdent à la nappe phréatique. Or, les paysans plus pauvres ne peuvent financer que des pompes manuelles ou moins performantes. Lorsque la nappe phréatique, fortement sollicitée, s’abaisse de quelques mètres, ce sont les nombreux petits puits qui s’assèchent en premier, n’ayant aucun accès à l’eau qui gît en profondeur.

En Inde, dans certaines régions, il faut puiser l’eau à plus de mille mètres de profondeur. Il y a une génération à peine, les paysans creusaient des puits à la main pour irriguer leurs cultures. Aujourd’hui, 95% des petites pompes sont à sec. D’autres pays d’Asie connaissent le même développement.

Ce qui est frappant, c’est que malgré ces chiffres impressionnants, qui prouvent que la production de viande implique la plus forte consommation d’eau, les études sur le sujet ne s’intéressent guère au végétarisme comme solution. Ceci porte à croire que, une fois de plus, l’objectivité scientifique n’est pas garantie, les scientifiques étant eux-mêmes carnivores ou végétariens.

Renato Pichler

  1. Stockholm International Water Institute (SIWI): Water – More Nutrition per Drop; Towards Sustainable Food Production and Consumption Patterns in a Rapidly Changing World. 2004 www.siwi.org 
  2. Rockström, J.: Water for food and nature in drought-prone tropics: vapour shift in rain-fed agriculture. Philosophical Transactions: Biological Sciences, 29 December 2003, vol. 358, iss. 1440, pp. 1997-2009(13) Royal Society
  3. Water – More Nutrition per Drop und Rockström, J., Gordon, L., Folke, C., Falkenmark, M., and Engwall, M.: Linkages among water vapor flows, food production, and terrestrial ecosystem services. 1999, Conservation Ecology 3(2):5. www.consecol.org/vol3/iss2/art5 
  4. Spiegel online: Grundwasserspiegel sinken dramatisch, 26.8.2004
Weitere Infos
  • Wasserseite der SVV (enthält die aktuellen Zahlen zum Wasserverbrauch) www.vegetarismus.ch/wasser 
  • Tom Aldridge, Herb Schlubach: Water Requirements for Food Production. Soil and Water, no. 38 (Fall 1978), University of California Cooperative Extension, 13017
  • Paul and Anne Ehrlich: Population, Resources, Environment. San Francisco: Freeman, 1972, Seite 13-17
  • Georg Borgstrom, Vortrag 1981 auf der Jahrestagung der American Association for the Advancement of Science http://www.aaas.org
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