En plus d'être saine et respectueuse du climat, l'alimentation végétale pourrait également contribuer à réduire la faim dans le monde et à répartir les ressources de manière plus équitable.
Les bienfaits du véganisme pour les animaux et l'environnement, ainsi que ses avantages pour la santé, sont de plus en plus connus. En aidant à réduire la souffrance animale et les problèmes environnementaux, le régime végétalien peut également contribuer à une plus grande justice sociale et à une diminution de la faim dans le monde.
Hausse de la malnutrition
La faim et la malnutrition sont des problèmes graves dans de nombreuses régions du monde. Alors que la plupart des habitant-e-s des pays industrialisés occidentaux ont aisément accès à des quantités suffisantes de nourriture, d'innombrables personnes luttent contre la faim dans le Sud global, notamment en Afrique et en Asie du Sud. Selon l'organisation allemande Welthungerhilfe, près de 830 millions de personnes dans le monde souffraient de malnutrition en 2021. Après avoir diminué pendant des décennies, ce chiffre est même à nouveau en hausse. Et compte tenu de l'augmentation constante de la population mondiale, de la crise climatique, des conflits armés et d'autres crises mondiales, on peut s'attendre à ce que la situation s'aggrave encore à l'avenir. Pour y remédier, la Welthungerhilfe estime qu'une transformation de notre système alimentaire est impérative.1
Économiser la nourriture, la terre et l'eau
Mettre l'accent sur la production d'aliments végétaux pourrait contribuer de manière significative à un tel changement, car elle utilise nos ressources naturelles de manière bien plus efficace que la production d'aliments d'origine animale. En effet, cette dernière va forcément de paire avec un gaspillage alimentaire, puisqu'elle nécessite d'abord de nourrir les vaches, les porcs, etc. pour produire des aliments destinés à la consommation humaine. Ce faisant, les animaux consomment beaucoup plus de calories qu'ils n'en produisent sous forme de lait, de viande et autres, car ils ont besoin d'une grande partie de ces calories pour leur propre équilibre énergétique.
La production de denrées d'origine animale nécessite donc d'énormes quantités d'aliments pour animaux, ce qui implique une consommation faramineuse de terres et d'eau. Aujourd'hui, près de 80 % des terres arables de la planète sont consacrées à l'élevage d'animaux de rente et à la production d'aliments pour animaux, bien qu'il n'en résulte respectivement que 18 % et 37 % des calories et des protéines consommées dans le monde !2L'agriculture consomme également la majeure partie de nos ressources en eau (72 %) et, là encore, la production d'aliments d'origine animale est bien plus gourmande en eau que celle d'aliments d'origine végétale.3 Cela s'explique à nouveau principalement par la nécessité de cultiver des aliments pour animaux. Par exemple, la production d'un kilo de viande de bœuf nécessite 15 400 litres d'eau (moyenne mondiale), contre seulement 287 litres d'eau pour la production d'un kilo de pommes de terre.4 Bien sûr, la consommation d'eau des aliments végétaux est variable. Mais comparés aux produits d'origine animale, même les aliments végétaux les plus gourmands en eau constituent un meilleur choix. Deux tiers de la population mondiale sont déjà confrontés à des pénuries d'eau chaque année, et étant donné la hausse de la population mondiale et l'avancée du réchauffement climatique, ce chiffre devrait encore augmenter.5 Pour économiser de l'eau, il est donc absolument nécessaire de tenir compte d'un facteur aussi primordial que notre alimentation.
Plus de justice pour les individus et pour l'environnement
En outre, la production d'aliments d'origine animale dans les pays occidentaux se fait souvent au détriment d'autres pays, d'où sont importées d'énormes quantités d'aliments pour animaux. Ainsi, on estime que la Suisse exploite au moins 200 000 hectares de terres arables à l'étranger pour ses importations.6 De nombreux pays industrialisés importent du soja, du maïs, du blé, etc. depuis les pays du Sud, où leur culture entraîne souvent des changements d'affectation des sols (p. ex. sous forme de déforestation), qui ont des répercussions négatives sur la sécurité alimentaire de la population locale ainsi que sur l'environnement. Le meilleur exemple en est la forêt amazonienne, dont la déforestation à grande échelle est principalement causée par l'élevage. Privant de nombreuses populations indigènes de leur espace vital, ce défrichement met en péril non seulement leur sécurité alimentaire, mais aussi leurs traditions et leur patrimoine culturel.
Par ailleurs, la production de denrées alimentaires d'origine animale est responsable d'environ 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et constitue ainsi l'un des principaux moteurs de la crise climatique.7 Les personnes vivant dans le Sud sont touchées de manière disproportionnée par les conséquences de cette crise, qui se manifestent notamment par des chaleurs extrêmes, des périodes de sécheresse prolongées et, partant, une pénurie d'eau et de nourriture. Ainsi, une alimentation plus végétale serait non seulement bénéfique pour la planète, mais aussi pour ses habitant-e-s, en particulier celles et ceux qui souffrent le plus de sa destruction.
Production végétale = moins de faim dans le monde
Étant donné que la production de produits animaux nécessite beaucoup plus d'eau et de terres que celle de produits végétaux, une alimentation plus végétale permettrait de nourrir beaucoup plus de personnes avec la même quantité d'eau et de terres. Au lieu de produire des aliments pour animaux destinés à l'élevage industriel, nous pourrions utiliser les mêmes ressources pour produire des aliments végétaux destinés à la consommation humaine directe. Le cas échéant, une étude a démontré que nous pourrions produire suffisamment de nourriture pour 10 milliards de personnes en respectant les limites naturelles de la planète.8 Pour cela, il faudrait que tous les aliments végétaux soient consommés directement par l'être humain et que la consommation de protéines animales diminue. Une telle transformation du système alimentaire pourrait considérablement améliorer la sécurité alimentaire de nombreuses populations, notamment au regard des défis croissants auxquels elles sont confrontées. On estime qu'une réduction de 20 % de la consommation de viande dans les pays industrialisés aurait déjà un effet sensible sur la sécurité alimentaire dans le Sud global !9 Ainsi, tout en préservant l'environnement, le climat et les animaux, l'alimentation végétale contribue également à une gestion plus équitable de l'espace vital d'innombrables personnes à travers le monde, et donc à une répartition plus juste des ressources.
1 Welthungerhilfe, Welthunger-Index.
2 Poore, J. & Nemecek, T., 2018. Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science 360, 987–992.
3 United Nations, Summary Progress Update 2021: SDG 6 — water and sanitation for all. 24 février 2021.
4 Winterer, A. Avocado kaufen oder nicht? Wichtige Fakten zu Umwelt, Bio & mehr. Utopia, 31 août 2021.
5 Mekonnen, M. M. & Hoekstra, A. Y., 2016. Four billion people facing severe water scarcity. ScienceAdvances 2(2).
6 Baur, P. & Krayer, P., 2021. Schweizer Futtermittelimporte – Entwicklung, Hintergründe, Folgen. Forschungsprojekt im Auftrag von Greenpeace Schweiz. Wädenswil: ZHAW.
7 Xu, X., Sharma, P., Shu, S. et al., 2021. Global greenhouse gas emissions from animal-based foods are twice those of plant-based foods. nature food 2, 724–732.
8 Gerten, D., Heck, V., Jägermeyr, J. et al., 2020. Feeding ten billion people is possible within four terrestrial planetary boundaries. nature sustainability 2, 200–208.
9 Georg-August-Universität Göttingen, 2013. Weniger Fleisch – weniger Hunger. agrar aktuell 11.