Avec sa loi sur la protection des animaux, la Suisse est progressiste à l'échelle mondiale. Et pourtant : la meilleure loi ne sert à rien si elle ne peut être appliquée.
L'objectif de la loi suisse sur la protection des animaux, c'est de protéger la dignité et le bien-être de l'animal. Pourtant, le législateur montre clairement qu'il est absolument permis d'ignorer la dignité d'un animal si cela peut être justifié par des „ intérêts prévalents“. Les animaux de rente n'étant élevés, exploités et tués que pour des raisons économiques, les intérêts économiques semblent bien prévaloir. De fait, les animaux sont utiles uniquement tant qu'on peut en tirer un rendement financier. Dans ce contexte, leur existence en tant qu'être vivant n'a aucune importance, ce qui les réduit à de simples facteurs de calculs. Ainsi, le système de l'exploitation animale présuppose le fait que les soi-disant animaux de rente doivent vivre avec des restrictions dues à des intérêts économiques. En l'occurence, on sépare généralement les veaux de leur mère tout de suite après leur naissance pour les enfermer dans des boxs séparés ; les poussins mâles étant inutiles à la production d'oeufs, on les élimine tous directement après leur éclosion ; on coupe les queues aux porcelets afin d'éviter qu'ils ne commencent à grignoter les queques de leurs congénères par pur ennui, etc. Seraient-ce là toutes des conséquences d'un exploitation conforme aux besoins des espèces ?
Impacts de la loi sur la protection des animaux
Malheureusement la loi sur la protection des animaux ne définit pas la notion des besoins des animaux de rente. Elle ne définit non plus ce que l'on entend exactement par maltraitance ni par forte négligence. De fait, la loi laisse une marge de manoeuvre significative sans protéger les animaux de manière efficace. Les personnes privées et les organisations de protection des animaux n'ont pas la possibilité de poser plainte lors d'infractions de la loi par les exploitateurs. Leur seule opportunité, c'est de signaler un cas auprès de l'office vétérinaire cantonal afin que celui-ci examine les conditions sur place. Ce qui manque, c'est une ratification efficace voire des contrôles inattendus et une application conséquente des lois en vigueur. L'imposition de sanctions sensibles vis-à-vis des éleveurs aideraient à éviter la rentabilité de la souffrance animale.
Le public est rassuré par une loi sur la protection des animaux « progressiste » pendant que son non-accomplissement raffiné assure en même temps qu'elle n'ait pas d'impacts sur la pratique existante.
Erwin Kessler, Président Verein gegen Tierfabriken (VgT)
- Eine Fussnote
- La version acutelle de la loi suisse sur la protection des animaux : Tierschutzgesetz