Les vétérinaires cantonaux sont chargés par l'État de contrôler les procédures dans l'élevage des animaux. Il leur est cependant strictement interdit de parler de leur travail en public. De fait, il est d'autant plus difficile de connaître des détails bruts sur les conditions de détention des animaux dans l'élevage intensif.
Un vétérinaire cantonal raconte
La viande de porc constitue l’essentiel de la viande consommée en Suisse. Néanmoins, le consommateur n’a que rarement l’occasion de voir un porc vivant. Peu d’amateurs de viande savent à quoi ressemble une porcherie de l’intérieur. En principe, les vétérinaires cantonaux n'ont pas le droit de parler de leur travail. En voici un parmi eux qui a eu le courage de dénoncer publiquement les dérives.
La tâche de Thomas Giger, ancien vétérinaire cantonal dans le canton rural de St-Gall s’avérait particulièrement ardue : son cahier des charges exigeait en principe de lui qu’il veille à ce que la loi sur la protection des animaux soit respectée dans toutes les porcheries. Or, par manque de soutien de la part de ses supérieurs et des autres autorités, il ne parvenait pas à remplir sa fonction avec la conscience professionnelle requise.
Devant ce dilemme insoutenable, il a décidé de révéler publiquement quelles conditions règnent dans bon nombre de porcheries en Suisse :
« La moitié au moins des éleveurs de porcs contrevient à la loi fédérale sur la protection des animaux, car ils ne donnent pas ou pas suffisamment de paille longue à leurs bêtes. »
(traduction libre de l’article paru dans le Beobachter 20/07 du 28 septembre 2007).
Thomas Giger estime que la part des élevages non conformes pourrait même s’élever à 80 ou 90 % si l’on exclut les exploitations au bénéfice de subventions pour prestations écologiques. Il n’est pas le seul à faire ce constat.
Un chien a-t-il plus de valeur qu’un porc ?
Les truies ayant mis bas ont besoin de paille pour aménager une litière. La plupart du temps, elles se retrouvent à devoir se coucher à même le sol en béton pour nourrir leurs petits et ne peuvent donc pas vivre conformément aux habitudes de leur espèce. La paille longue offre en outre une distraction bienvenue à ces animaux intelligents. En effet, les porcs ont une intelligence au moins équivalente à celle des chiens. La différence réside dans le fait que si un chien venait à être traité de la façon dont on traite habituellement les porcs, on s'indignerait et on renverrait à la loi sur la protection des animaux. La situation des porcs ne déclenche malheureusement aucune protestation, puisqu’ils sont considérés comme de simples animaux de rente et n’ont donc aucune valeur si ce n’est leur valeur marchande au poids.
Reste à espérer que le vétérinaire cantonal st-gallois actuel et son administration continuent d’avoir le courage de témoigner publiquement de ce que les autorités cantonales tentent de cacher. Thomas Giger tient bon et persiste à défendre la vérité, malgré que Suisseporcs, l’union des producteurs de porcs, lui ait intimé l’ordre de retirer ses propos.
Les porcs n’ont malheureusement pas encore vu leurs conditions s’améliorer : dans de nombreuses exploitations, ils continuent de devoir se contenter, toute leur vie durant, d’un sol en béton. Pour que cela change, il faudrait que le monde politique prête plus d’attention aux besoins des animaux qu’aux lobbies industriels (Suisseporcs) et que les consommateurs ouvrent les yeux sur les conditions de production de la viande qu’ils achètent.
- Thomas Grether: «Züchter nehmens nicht so genau», Beobachter 20/07
- Thomas Grether: «Maulkorb für Tierarzt», Beobachter 24/07
- Balz Hosang: «Wann gilt ein Gesetz?», Beobachter 24/07
- Thomas Grether: «Schweinezucht: Wo bleibt die artgerechte Haltung?», Beobachter 25/07
- www.grunzmobil.ch/tierarzt.html
- Vertuschung der Wahrheit hat bei Schweinemästern System: So konnte im Vegi-Info 2007-4 auf Seite 16 nachgelesen werden, dass bis heute ein TV-Spot, der die Wahrheit über die Schweizer Schweineställe aufzeigen wollte, zensuriert wird.