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21.07.2022 | Amandine

La vague de chaleur qui sévit dans toute l'Europe n'épargne pas la Suisse : Genève a enregistré des températures maximales dépassant les 38 °C, des interdictions d'arrosage sont en vigueur au Tessin, un risque important d'incendie de forêt règne dans une grande partie de la Suisse, de nombreuses localités connaissent des nuits tropicales à plus de 20 °C et des méduses d'eau douce devraient bientôt réapparaître dans le lac de Constance. L'Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève estime que, dorénavant, de telles vagues de chaleur en été deviendront la norme.

« Ces vagues de chaleur deviennent de plus en plus fréquentes » et le phénomène devrait se poursuivre « au moins jusque dans les années 2060 », a déclaré mardi le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. Il espère que la vague de chaleur aiguë qui sévit en ce moment sera un signal d'alarme pour les gouvernements, qui doivent prendre davantage de mesures pour la protection du climat. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) souligne lui aussi dans son dernier  rapport qu'il faut agir immédiatement pour limiter les conséquences néfastes du changement climatique, comme les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations et les pénuries d'eau.

Pénurie d'eau en Suisse ?

Bien que la Suisse, château d'eau de l'Europe, ne soit guère connue pour ses pénuries d'eau, le niveau de la plupart des cours d'eau et des lacs a chuté en dessous de la moyenne ces derniers jours. Une situation qui devrait encore s'aggraver, souligne Michèle Oberhänsli, hydrologue à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Avec la progression du changement climatique, les périodes de sécheresse deviendront plus fréquentes et l'agriculture suisse devra elle aussi lutter de plus en plus contre les déficits en eau, comme le conclut une étude d'Agroscope.

Selon le rapport agricole, l'empreinte hydrique de la Suisse pourrait être réduite en adaptant notamment l'alimentation aux recommandations nutritionnelles. Concrètement, cela signifie qu'il faudrait manger moins de viande et plus d'aliments d'origine végétale. En Suisse, la plus grande partie de l'empreinte hydrique agricole est due à la consommation de viande (28 %), tandis que la consommation de lait représente 10 % de l'empreinte. En effet, pour produire entre 20 et 25 litres de lait par jour, les vaches boivent jusqu'à 200 litres d'eau au quotidien. À cela vient s'ajouter l'eau nécessaire à la production du fourrage. Selon des études internationales, il faut 1000 litres d'eau pour produire un litre de lait. Certes, en Suisse, les pâturages sont en grande partie irrigués naturellement par des pluies régulières, mais les vaches ne mangent pas que du fourrage d'herbages : elles ont aussi besoin d'aliments concentrés. Ceux-ci se composent entre autres de soja, principalement importé du Brésil et utilisé en Suisse pour l'alimentation du bétail. Contrairement aux fourrages dits grossiers (herbes, foin, ensilages, etc.), qui sont produits à 98 % en Suisse, seuls 39 % des aliments concentrés proviennent de chez nous. Outre le bétail, ce sont surtout les porcs et les poulets qui dépendent de la nourriture importée.

Les aliments pour animaux proviennent souvent de régions à faibles précipitations. Pourtant, leur culture nécessite une forte irrigation : il faut sept fois plus d'eau pour produire un kilogramme de viande que pour produire un kilogramme de céréales (voir figure 1). La production de viande « détruit » donc littéralement des aliments végétaux que l'homme pourrait consommer directement.

Comparaison de différents aliments en termes de consommation d'eau

Fig. 1 : Consommation moyenne d'eau par kilogramme de nourriture (la consommation d'eau tient compte de l'irrigation des champs, de l'abreuvement du bétail ainsi que de la transformation et du transport)

Les aliments végétaux sont les plus respectueux de l'environnement

La consommation d'eau liée à notre alimentation dépend donc fortement de ce que nous choisissons de manger. Le régime alimentaire européen moyen nécessite près de 300 litres d'eau par personne et par jour – chiffre qui passe à 205 litres dans le cas d'un régime végétarien et à 179 litres dans le cas d'un régime végane.

Selon le WWF, notre alimentation est responsable d'un tiers de la pollution environnementale en Suisse. De tous les aliments consommés dans notre pays, la viande et les produits laitiers sont ceux qui nuisent le plus à l'environnement. De nombreux experts considèrent donc le changement d'alimentation comme le principal levier d'action dans la lutte contre le réchauffement climatique. Comme le rapporte l'étude The JUMP, l'alimentation est le facteur qui présente le plus grand potentiel pour la protection du climat à l'échelle individuelle. Une étude de l'Institut de recherche de l'agriculture biologique d'Autriche (FiBL) montre par ailleurs que le régime alimentaire végétal et biologique est le mode d'alimentation le plus respectueux de l'environnement. Pour éviter de nouvelles vagues de chaleur, il faut agir sans tarder, comme le demandent le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat et l'Organisation météorologique mondiale. Au lieu d'attendre des mesures politiques et économiques, nous pouvons changer nos habitudes alimentaires et préserver le climat en mangeant plus de plantes et moins de viande. « Diet change, not climate change ! »

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