Interview avec Paul Rodney Turner, du FFL
Il est impressionnant d’apprendre que lorsque le tsunami a frappé récemment l’Asie, l’association d’aide, FOOD FOR LIFE (FFL – ‘Nourriture pour la Vie’) a pu distribuer sur place plus de mille repas vegan «karma-free», c’est-à-dire des repas libres de tout karma, et ce dès le premier jour du désastre. Ce seul fait montre la capacité de réaction d’une direction flexible, dotée d’un système d’alerte efficace et de secouristes motivés venant des quatre coins du monde.
Le directeur de cette «machine à nourrir» bien huilée est l’Australien de naissance, Paul Turner, qui en 1994, arriva aux Etats-Unis pour y établir le siège de Food for Life. Paul a répondu aux questions de Renato Pichler et expliqué comment fonctionne son association ainsi que le secret de son succès.
Swissveg : Votre nourriture est-elle toujours végétarienne ? Végane ?
Paul Turner : Absolument. Nous ne servons jamais autre chose que des repas clairement végétariens ou végans. Nos menus varient selon l’heure, l’endroit et les circonstances. Ils sont généralement cuits, mais nous servons aussi des fruits frais. La plupart du temps, les repas sont végans, mais certains de nos projets en Inde utilisent du yogourt.
Qu’entendez-vous par repas végétariens «libres de karma» ?
Le mot karma est originaire de l’Inde. Littéralement, il signifie «travail» ou «action,» et il est souvent relié à la loi de la physique, où, chaque action contient en contrepartie une réaction. Même dans la bible, il est dit: «Vous récolterez ce que vous avez semé». C’est cela le karma! Ainsi, un repas qui est libre de karma est un repas qui a été préparé de telle façon à ne contenir aucune réaction négative ou coupable. Il est antiseptique, purifié, et propre à alimenter le corps et l’âme. C’est du végétarisme dans sa plus claire expression.
Un régime «libre de karma» signifie bien davantage que s’abstenir de viande, de poisson et d’œufs. Il est inexact de penser qu’en devenant simplement végétarien on peut éviter de transgresser les lois de la nature. Les végétaux ont aussi une vie. Ainsi donc un repas véritablement «libre de karma» combine une nourriture physique par une alimentation végétale saine avec une nourriture spirituelle qui provient de l’acceptation de notre dépendance envers Dieu et notre Mère la Terre.
Enracinée dans la tradition hindouiste, la dimension spirituelle d’un végétarisme pur a une signification pour les gens de toutes les religions. Autrement et simplement dit, avant de manger notre nourriture, nous devrions l’offrir à Dieu en remerciement. C’est seulement ainsi que la nourriture se purifie, est «libre de karma’’ et est à même de nourrir spirituellement. Les Hindous appellent cette nourriture prasada, ou la grâce de Dieu.
Manifestement, vous respectez les goûts et les traditions locales lorsque vous servez des pains à la banane aux gens du Texas et du riz au Sri Lanka. Qui décide des «menus» ?
C’est notre personnel local qui prend ces décisions. Ce sont eux qui peuvent le mieux juger. Nous préparons toujours nos repas en fonction des goûts locaux.
Qui est responsable pour l’approvisionnement des ingrédients ?
Cette tâche revient à notre coordinateur d’urgence local. Dans le cas du tsunami, toutefois, notre staff local staff n’était pas très expérimenté en matière de secours alimentaire à grande échelle, c’est pourquoi nous avons fait appel à des chefs et secouristes de Pologne, de Russie, d’Inde, d’Afrique du Sud, des Etats-Unis, de Grèce et de Grande-Bretagne.
Importez-vous les ingrédients et l’équipement ou achetez-vous ou louez-vous de préférence localement les plats, les marmites et les casseroles ?
Nous nous procurons toujours localement les ingrédients et le matériel de cuisine. En général, nous les achetons à prix réduits sur les marchés locaux ou nous les recevons directement en tant que dons de la Croix-Rouge ou des militaires, avec lesquels nous sommes en relation étroite lors de situations catastrophiques. Vous devez tenir compte que nous avons des projets un peu partout, c’est pourquoi nous ne sommes jamais éloignés d’aucun lieu où survient une catastrophe. En ce moment même, nous avons une équipe de moines Krishna, assistée de volontaires locaux et de militaires travaillant dans un temple à Udhampur, dans le Nord de l‘Inde, qui servent quotidiennement des milliers de repas aux survivants du tremblement de terre. La ville de Udhampur se trouve dans la zone frappée par le tremblement de terre.
Il semble que vous distribuez surtout des aliments cuits. Qu’en est-il de plats froids, qui seraient plus faciles à préparer et distribuer ?
Non, nous servons aussi des fruits frais et des salades chaque fois que c’est possible. En fait, tous les aliments que nous avons servis lors du récent ouragan Katrina qui a frappé les Etats-Unis étaient des produits biologiques, dont une grande partie consistait en fruits frais qui nous ont été fournis par une fondation pour des plantations fruitières appelée Fruit Tree Planting Foundation ( www.ftpf.org ). Toutefois, en général, nous préférons servir des repas chauds parce qu’ils sont plus sûrs et moins vulnérables à une contamination.
Combien de repas distribuez-vous en moyenne ?
Les projets de FFL dans le monde servent couramment une moyenne de 180’000 repas par jour. C’est, quotidiennement, plus que 4 repas chaque seconde! Nous estimons qu’au cours des 30 dernières années, FFL a servi au moins 150 millions de repas gratuits aux nécessiteux.
Il est évident que votre travail charitable est bien organisé. Comment votre «système d’alerte» fonctionne-t-il ?
Eh bien, nous maintenons les choses simplement, très peu de bureaucratie. Lorsqu’une catastrophe frappe, nos équipes réagissent aussi rapidement qu’elles le peuvent avec les moyens dont elles disposent. FFL-GLOBAL est alors alerté et nous mobilisons les soutiens financiers et bénévoles nécessaires. Le bureau FFL-Global, son site sur la toile et les feuilles d’information sont utilisés comme service de coordination centrale.
Comment parvenez-vous à mobiliser vos secouristes à si bref délai ?
Par l’Internet, via les temples ISKCON et la liste d’envoi des bénévoles de FFL.
Dans combien de pays avez-vous pu aider ?
FFL est actuellement en activité dans plus de 50 pays. Pour le tsunami, nous avons eu des équipes travaillant au Sri Lanka, en Inde et en Malaisie.
Quels sont les problèmes majeurs auxquels vous avez à faire face ?
Des ressources financières insuffisantes et une infrastructure pour les secours d’urgence. Lorsqu’un désastre survient, nous devons souvent agir en partant de zéro. Nous n’avons simplement pas de véhicules, ni de bateaux ni d’hélicoptères, pas plus que de systèmes de communications et de cuisines mobiles que d’autres agences de secours beaucoup plus importantes possèdent. FFL est du type fondation dans des communautés plutôt rurales. Cela présente du pour et du contre. Une chose est certaine, notre simplicité nous permet d’être flexibles et de réagir rapidement; cela nous rend aussi incroyablement efficaces en matière de coût. En moyenne, un repas FFL typique ne coûte que 15 cents. Pendant une catastrophe, ce coût par repas n’est pas plus élevé qu’environ 25 cents. De sorte que nous pouvons nourrir beaucoup de gens pour très peu d’argent. L’un des objectifs de FFL-Global pour l’année prochaine est l’achat de cuisines d’urgence mobiles – de gros camions avec toutes les facilités pour cuisiner et pour stocker les provisions, et les avoir disponibles pour se rendre dans différents lieux de par le monde.
Quel accueil vous réservent les autorités nationales et locales ?
Nous sommes surtout bien accueillis par les secteurs «sans but lucratif», surtout des organisations végétariennes et pour la défense des droits des animaux. Malheureusement, la plupart des gens sont encore ignorants de notre travail. Toutefois, en certains endroits du monde, FFL a un profil très élevé. Par exemple, notre programme le plus important au monde est en Inde et s’appelle «Akshaya patra» qui veut dire littéralement «marmite sans limite» Le projet a en fait été inauguré par le Président de l’Inde, et continue de recevoir un soutien financier du gouvernement indien (www.akshayapatra.org ). Ce projet distribue chaque jour 90,000 repas de midi aux écoles pour enfants pauvres, avec des visites de 300 de ces écoles autour de Bangalore. FFL a certainement besoin d’aide avec une augmentation consciente de projets tels que ceux-ci, c’est pourquoi j’apprécie beaucoup l’occasion qui m’est offerte aujourd’hui de parler de cela avec vous.
Comment pouvez-vous respecter les règles en matière d’hygiène ?
Cela peut parfois être un défi dans des situations de catastrophe, mais ce n’est pas impossible. Lors de désastres, il est clair que l’on fait de son mieux dans les circonstances. Toutefois, les responsables de FFL s’appliquent à suivre les normes d’hygiène les plus strictes, car il est fondamental de par notre conviction que la nourriture doit être préparée avec une impeccable propreté afin qu’elle soit vraiment «libre de karma». Il vous intéressera de savoir que nos cuisiniers ne goûtent même pas la nourriture lorsqu’ils la préparent. Nous nous efforçons toujours de préparer les repas dans une pureté simultanée d’action et d’esprit.
Quelle est la relation entre le mouvement de Hare-Krishna (ISKCON) et le FFL ? Qui prend la décision finale ?
FFL a été établi en 1974 par des moines de Hare Krishna en Inde pour secourir les victimes d’une inondation au Bengale. Par la suite, le programme a essaimé dans le monde sous des formes variées, y compris des cuisines distributrices de nourriture gratuite, des services mobiles, une fourniture d’abris et d’écoles, la scolarisation d’enfants pauvres, des projets d’environnement, la protection des vaches, la mise sur pied d’orphelinats et de logements convenables, et même la fourniture de soins médicaux gratuits. Tant la gestion que l’opération de FFL sont assurées par des bénévoles de différentes croyances, y compris des membres de l’ISKCON. FFL exclut tout sectarisme, de sorte que toute personne peut participer. FFL est une association charitable enregistrée séparément de l’ISKCON.
D’autres religions et communautés sont-elles acceptées afin de participer à votre travail charitable ?
Oui, nous accueillons toute personne avec bienveillance pour autant qu’elle respecte notre ferme exigence que toute la nourriture que nous distribuons doit être «libre de karma». Et bien sûr, FFL a aussi d’autres oeuvres charitables à côté de l’aide alimentaire. Nous avons bénéficié d’une assistance fournie par des bénévoles chrétiens dans le secteur des thérapies pour les enfants dans notre orphelinat au Sri Lanka.
Est-ce que des personnes intéressées peuvent aussi, à titre individuel, rejoindre vos équipes ? A quelles conditions ?
Ces personnes intéressées sont priées de s’inscrire en ligne auprès du site: www.ffl.org/html/volunteer_ registration.html . Elles doivent aussi lire notre manuel du bénévole (Volunteer handbook) et signer un accord contractuel entre elles et FFL-Global. Sous peu, le nouveau site sur la toile (Volunteer Matching Service) aura un service destiné aux bénévoles leur permettant de mettre en correspondance leurs qualifications avec les opportunités de bénévolat FFL existant de par le monde.
Comment financez-vous vos interventions ?
Tous les projets de FFL sont enregistrés séparément et financés indépendamment par des dons émanant de personnes, d’entreprises et parfois de gouvernements au niveau local. FFL-Global, bien que fonctionnant en tant que siège international, reçoit la plupart des soutiens financiers par des dons en ligne (online). FFL opère en tant que la voix pour les projets FFL; un support pour diriger et guider; l’autorité politique et normative pour le programme; la branche promotionnelle; la coordination lors de catastrophes, et lorsque c’est possible, le financement de petits projets et d’actions de secours d’urgence.
Quel soutien espérez-vous de la part du public?
Merci de me le demander. FFL-Global est au centre d’un exercice majeur afin d’étendre et d’améliorer nos services. L’une des voies pour y parvenir est d’établir des bureaux de représentation dans d’autres pays pour contribuer à augmenter la prise de conscience, le montant des fonds, et la coordination des activités de secours d’urgence. Ceci exige des gens et de l’argent. Un autre moyen par lequel le public peut aider est de devenir un relais de cette noble cause. La plupart des personnes engagées dans le travail de FFL sont des bénévoles. Elles accomplissent un travail absolument remarquable partout dans le monde, mais il y a un tel besoin de faire encore davantage! C’est pourquoi, nous avons besoin d’aide.
Le slogan de Food for Life Global est «Unir le monde par l’alimentation». Nous croyons fermement que la nourriture parle toutes les langues, et que par la prolifération de repas «libres de karma» et par l’éducation des gens sur les bienfaits d’une alimentation végétale, nous pouvons libérer le monde de la faim et créer une prise de conscience positive en vue d’un monde meilleur. Tant qu’il y aura des abattoirs et des fabriques d’animaux, il n’y aura jamais de paix dans le monde. Pour que les gens abandonnent un goût inférieur, ils doivent expérimenter un goût supérieur. C’est ainsi que notre méthode de créer un changement positif passe par la possibilité de donner aux gens une expérience pratique. Alors, rejoignez-nous!
En quoi consiste le programme COTTAGE?
Il s’agit d’un superbe projet né dans le contexte du désastre du tsunami. COTTAGE est un projet qui vise à venir en aide financièrement aux enfants de Gokulam – Bhaktivedanta Children’s Home (un projet FFL), pour stimuler l’information concernant cet orphelinat heureux et d’assurer aux enfants l’accès à des activités artistiques leur permettant de s’exprimer pleinement. COTTAGE est en fait l’acronyme pour les Enfants du Tsunami – arts, talents et éducation (en anglais «Children Of The Tsunami – Arts, Gifts and Education’’).
COTTAGE souhaite promouvoir une relation réciproquement bénéfique entre les orphelins de Gokulam (www.gokulam.org ) et les acheteurs des cartes haut de gamme représentant le travail artistique de ces enfants. Ces derniers reçoivent les divers matériaux nécessaires pour exprimer en couleur leurs activités dans un esprit de liberté aussi totale que possible.
Les personnes généreuses qui soutiennent COTTAGE en achetant le travail créatif des orphelins recevront non seulement un cadeau merveilleux mais sauront aussi qu’elles ont aidé à rendre plus prospère la vie de ces enfants dans le besoin.
Pour cela, allez sur le site:
www.cottageyouth.org.
Ma dernière question est personnelle: avec tout votre travail pour FFL, votre entreprise personnelle et enfin, mais non des moindres, votre famille, comment gérez-vous tout cela pour remplir votre impressionnante charge de travail ?
Oui, effectivement, c’est un miracle. Une bénédiction! Je n’en sais rien comment j’y arrive, mais j’y arrive. En fait, cela a toujours été dans ma nature – faire plusieurs choses en même temps. Même en cuisinant, je le fais. Les gens sont surpris de me voir cuisiner calmement 8 ou 10 préparations simultanément. Peut-être devrais-je aussi mentionner que je suis actif durant de longues heures journalières, et que Rupal mon épouse m’apporte un grand soutien.
1 ISKCON: Die Internationale Gesellschaft für Krishna-Bewusstsein (ISKCON, Kurzform von International Society for Krishna Consciousness), im Westen besser bekannt als Hare-Krishna-Bewegung, wurde 1966 gegründet. Sie will das Krishna-Bewusstsein in den westlichen Ländern verbreiten und gehört zur Brahma-Madhva-Gaudiya-Sampradaya, auch als Gaudiya-Vaishnava-Glaubensschule bekannt. Sie wird verschiedentlich als sogenannte Neue Religiöse Bewegung eingestuft, die sich in den siebziger Jahren unter den Hippies auch in Europa ausbreitete. Zentrale Glaubensaussagen: Es gibt einen Gott. Dieser Gott ist persönlich und hat unendlich viele Namen und Erweiterungen. Sein vertrautester Name ist „Krishna“; in Chaitanya zeigt sich Krishna als vollkommener Diener Gottes. Die Lebewesen sind winzige Bestandteile Gottes. Ihre eigentliche Bestimmung ist es, ihre Liebe und individuelle Beziehung zu Gott wiederzuerwecken. Um dies zu erreichen, versuchen die Gläubigen, Krishna in der Meditation über den Klang seiner Namen zu begegnen. Damit diese Meditation ihre volle Kraft entfalten kann, wird empfohlen, bestimmte Reinheitsgebote zu befolgen, insbesondere: Enthaltung von Fleischkonsum, Alkohol, Glücksspiel und Sexualität (außer in der Ehe und ausschließlich zur Zeugung von Kindern).
Source : Wikipedia
1 ISKCON: Die Internationale Gesellschaft für Krishna-Bewusstsein (ISKCON, Kurzform von International Society for Krishna Consciousness), im Westen besser bekannt als Hare-Krishna-Bewegung, wurde 1966 gegründet. Sie will das Krishna-Bewusstsein in den westlichen Ländern verbreiten und gehört zur Brahma-Madhva-Gaudiya-Sampradaya, auch als Gaudiya-Vaishnava-Glaubensschule bekannt. Sie wird verschiedentlich als sogenannte Neue Religiöse Bewegung eingestuft, die sich in den siebziger Jahren unter den Hippies auch in Europa ausbreitete. Zentrale Glaubensaussagen: Es gibt einen Gott. Dieser Gott ist persönlich und hat unendlich viele Namen und Erweiterungen. Sein vertrautester Name ist „Krishna“; in Chaitanya zeigt sich Krishna als vollkommener Diener Gottes. Die Lebewesen sind winzige Bestandteile Gottes. Ihre eigentliche Bestimmung ist es, ihre Liebe und individuelle Beziehung zu Gott wiederzuerwecken. Um dies zu erreichen, versuchen die Gläubigen, Krishna in der Meditation über den Klang seiner Namen zu begegnen. Damit diese Meditation ihre volle Kraft entfalten kann, wird empfohlen, bestimmte Reinheitsgebote zu befolgen, insbesondere: Enthaltung von Fleischkonsum, Alkohol, Glücksspiel und Sexualität (außer in der Ehe und ausschließlich zur Zeugung von Kindern). Quelle: Wikipedia
Food not bombs distribue également des repas gratuits.